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3ème conférence ministérielle du Pacte de Paris avec Sergueï LAVROV, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie

Participation du Secrétaire général de l’OSCE à la 3ème conférence ministérielle du Pacte de Paris à Vienne, co-présidée par M. Alain Juppé et Sergueï LAVROV, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie.

Le 16 février, le Secrétaire général de l’OSCE, Lamberto Zannier, a participé, à la 3ème conférence ministérielle organisée à Vienne dans le cadre du Pacte de Paris, initiative visant à lutter contre le trafic d’opiacés en provenance d’Afghanistan. Cette réunion de haut niveau était co-présidée par M. Alain Juppé et son homologue russe. En présence du Secrétaire général des Nations-Unies et de nombreux ministres des affaires étrangères, le ministre d’Etat a notamment souligné l’importance de nouer un partenariat de long terme avec l’Afghanistan et la nécessité d’accroître la coopération régionale, rappelant que la France avait fait en 2011 des propositions pour un système régional de sécurité collective.

En écho aux propos de M. Juppé, Lamberto Zannier a pu confirmer au ministre afghan en charge de la lutte contre le trafic de stupéfiants que l’OSCE s’apprêtait à renforcer son engagement avec l’Afghanistan suite à l’adoption d’une décision en ce sens lors du récent conseil ministériel de Vilnius. Plusieurs projets de coopération sont en cours de finalisation au sein du Secrétariat général, notamment dans le domaine de la formation des services spécialisés.


Discours de M. Alain JUPPÉ,
Ministre d’État,
Ministre des Affaires étrangères et européennes,
Lors de la conférence ministérielle du pacte de Paris
Vienne – 16 février 2012

Monsieur le Secrétaire Général,
Mesdames, Messieurs les Ministres
Monsieur le Directeur exécutif,
Mesdames, Messieurs les délégués,

Il y a neuf ans, nous lancions le « Pacte de Paris » afin de lutter ensemble contre le développement du trafic d’héroïne. Consciente de la menace, la communauté internationale se mobilisait pour le combattre le long des routes qu’il emprunte, à destination et en provenance d’Afghanistan.

Aujourd’hui, le « Pacte de Paris » constitue non seulement un mécanisme central autour duquel s’organisent les coopérations régionales, mais aussi une enceinte de dialogue et de coopération politique unique pour les 56 pays membres touchés par le fléau mondial de la drogue.

Je suis heureux de co-présider cette conférence avec Sergueï LAVROV, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie : j’y vois la preuve que la Russie et la France peuvent coordonner l’action de la communauté internationale et contribuer ensemble à relever des défis concrets.

Notre conviction à tous, c’est que chacun de nos pays a son rôle à jouer dans la lutte contre la drogue, qu’il s’agisse des pays producteurs, des pays consommateurs ou des pays de transit.

Alors que depuis 2003, la production d’opium ne cesse de croître en Afghanistan, alors qu’au cours des dernières années, la consommation d’opiacés a continué à toucher 16 millions de personnes dans le monde et s’est fortement accrue en Afghanistan et dans les pays voisins, nous devons plus que jamais lutter contre ce fléau, qui menace la stabilité de la région et du monde.

Chacun de nos pays est victime de la drogue. Mais chacun d’entre nous détient aussi une partie de la solution. Notre présence aujourd’hui témoigne de notre volonté de travailler ensemble et d’accepter, au nom du principe de co-responsabilité, de nous engager plus fermement dans la lutte contre le trafic d’opiacés en provenance d’Afghanistan.

Depuis 2003, le Pacte de Paris a soutenu et accompagné la mise en place de coopérations régionales dans les domaines policier, judiciaire et douanier. Il a également permis de promouvoir des partenariats entre les différents pays engagés dans la lutte contre l’héroïne. Ces initiatives commencent à produire leurs effets, comme en témoigne la montée en puissance du Centre de Renseignement et de Coordination pour l’Asie Centrale (CARICC) basé à Almaty.

Si ces projets ont déjà pu voir le jour, c’est parce qu’ils reposent sur une confiance mutuelle entre les pays partenaires. Cette confiance se nourrit de contacts réguliers, à tous les niveaux : entre forces de police, entre institutions chargées de la prévention et du traitement de la toxicomanie, entre experts et entre responsables politiques. Elle rend possible l’échange de nos renseignements, le partage de nos moyens et l’enrichissement mutuel de nos savoir-faire. Elle est essentielle dès lors qu’il s’agit de combattre de puissantes organisations criminelles qui savent tirer parti de nos divisions.

Aujourd’hui, nous sommes réunis pour adapter notre action à l’évolution de la situation en Afghanistan et des trafics dans la région.

Le premier élément que nous devons prendre en compte, c’est l’affirmation de l’Etat afghan, qui doit progressivement reprendre les responsabilités de sécurité sur l’ensemble du pays. Si nous savons que les souffrances de plusieurs décennies de conflit ne peuvent s’effacer du jour au lendemain, d’importants progrès ont cependant été réalisés au cours des dernières années. Adoption d’une Constitution, mise en place de nouvelles institutions, organisation de plusieurs scrutins, au cours desquels le peuple afghan a exprimé son attachement à la démocratie, montée en puissance des forces nationales afghanes dans le cadre de la transition : l’Afghanistan d’aujourd’hui est très différent de celui d’il y a dix ans.

Le deuxième élément que nous devons prendre en compte, c’est l’accélération des échanges au sein du vaste espace allant de l’Océan indien jusqu’au nord de l’Asie centrale. Les foyers d’instabilité qui demeurent en Afghanistan y font peser des risques considérables pour tous les Etats. Je pense aux groupes terroristes, qui ne connaissent pas de frontières. Je pense aussi aux réseaux de la drogue, qui déstabilisent toutes les structures le long des routes amenant l’héroïne vers le nord, vers l’ouest et vers le sud. Je pense enfin aux factions qui remettent en cause l’intégrité territoriale de l’Afghanistan et menacent aussi l’intégrité territoriale des voisins de ce pays. Autant de phénomènes qui devraient s’intensifier à mesure qu’augmentent les échanges.

Ces évolutions doivent nous conduire à redoubler d’efforts. Lors de la Conférence de Bonn, le 5 décembre dernier, nous avons rappelé les actions que nous menons pour soutenir des réformes économiques, sociales et politiques, encourager la coopération régionale et contribuer ainsi à la stabilisation et la prospérité de l’Afghanistan. Ces actions ne doivent pas être fragilisées par la criminalité organisée, la corruption et l’insécurité suscitées et financées par la drogue.

A mon sens, nous pouvons renforcer et structurer nos efforts en matière de lutte contre la drogue autour de trois axes.

Le premier, c’est le partenariat de long terme que nous pouvons nouer avec les autorités afghanes pour renforcer la coopération contre la production et le trafic de drogue. La France a proposé la création, approuvée en novembre dernier, d’un groupe de travail du Bureau de coordination et de pilotage [nb : instance générale de concertation entre les autorités afghanes et les bailleurs] consacré à la lutte contre le narcotrafic, afin de veiller à la prise en compte effective de cette question dans l’ensemble des Programmes nationaux prioritaires (NPPs) afghans.

La lutte contre la drogue est aussi l’un des volets des partenariats de long terme, bilatéraux et multilatéraux, que les Etats de la coalition peuvent établir avec l’Afghanistan. Le traité d’amitié et de coopération entre la France et l’Afghanistan, signé le 27 janvier, prévoit un partenariat renforcé dans le domaine de la lutte contre les stupéfiants, qui est reconnue comme une priorité par nos deux pays. C’est dans cet esprit que la France poursuivra son appui en matière de formation et d’appui opérationnel. Un programme sera élaboré pour promouvoir la coopération internationale, en particulier avec les Etats de la région, et pour développer les échanges de renseignements. Des mesures de soutien au développement alternatif ainsi qu’à la prévention et au traitement de la toxicomanie sont également prévues.

Le deuxième axe, c’est la coopération régionale. Le narcotrafic est par essence un phénomène transnational. Il exige une réponse de même nature.

La Conférence d’Istanbul du 2 novembre a lancé un processus pour renforcer la sécurité et la coopération régionales. Les Etats du « cœur de l’Asie » se sont engagés à adopter et à mettre en œuvre des mesures de confiance, notamment dans le domaine de la lutte contre les narcotrafics. Les réunions de suivi du processus d’Istanbul, prévues cette année à Kaboul, doivent permettre d’avancer en ce sens.

La France, pour sa part, a fait l’an dernier des propositions pour un système régional de sécurité collective reposant sur des engagements politiques réciproques et sur des mesures de vérification. Nous avons proposé de centrer d’abord le dispositif sur le contrôle des armes légères et de petit calibre et sur le contrôle des explosifs, avant de l’étendre ultérieurement au trafic de drogue et à la surveillance des précurseurs chimiques. Les progrès ne seront possibles que si nous adoptons des mesures concrètes. Le processus d’Istanbul peut en constituer le cadre.

Le troisième axe de nos efforts, enfin, c’est l’Organisation des Nations Unies, qui incarne la plus haute légitimité internationale et au sein de laquelle a été élaboré un corpus législatif qui met le trafic de drogue hors la loi.

Responsabilité partagée entre pays producteurs, consommateurs et de transit, nécessité de considérer la question de la drogue comme partie intégrante des politiques de développement et de droits de l’Homme, réduction simultanée de l’offre et de la demande : les principes fixés par les Nations Unies sont nos meilleurs atouts pour relever ce défi. J’en veux pour preuve les résultats obtenus sur le terrain par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) avec le soutien de la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA). Je voudrais saisir cette occasion pour remercier le Secrétaire général de son engagement et le Directeur Exécutif de l’ONUDC, M. Yuri FEDOTOV, pour l’action remarquable de son agence sur le terrain.

La déclaration que nous allons adopter nous permettra de réaffirmer le rôle central des Nations Unies, tant dans le domaine de la lutte contre la criminalité organisée que dans celui de la santé publique.

Mesdames et Messieurs,

Face à la menace liée au trafic d’opiacés, rien ne serait plus dangereux que l’inaction.

La mobilisation de la communauté internationale doit faire l’objet d’un large consensus. Chacun a un rôle à jouer, à l’intérieur et l’extérieur de ses frontières. Les Etats doivent pouvoir compter sur des institutions efficaces, transparentes, démocratiques, capables de faire prévaloir les règles de droit.

Pour donner un nouveau souffle à cette coopération, nous avons la chance de disposer, avec le « Pacte de Paris », d’une instance de dialogue et de concertation unique. A nous de multiplier nos efforts, de renforcer nos partenariats régionaux et d’imaginer des solutions nouvelles pour lutter contre le fléau de la drogue.

La France, est déterminée à prendre toute sa part à ce combat. C’est un impératif de santé publique. C’est un impératif de sécurité internationale.

Je vous remercie./.

3ème conférence ministérielle du Pacte de Paris avec Sergueï LAVROV, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie

par | 17 Fév 2012 | 0 commentaires

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