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A Vladivostok, le mécontentement enfle à l’approche des élections

Jusqu’à présent, Zinaïda Bykova, institutrice à Vladivostok, soutenait le parti de Vladimir Poutine, Russie unie, mais elle ne votera plus pour lui aux législatives de dimanche, exprimant sa désillusion comme nombre d’habitants de cette ville à 6.000 km de Moscou.

Car à 73 ans, elle travaille encore. « Il n’y a pas assez d’instituteurs à l’école« , explique-t-elle. « La maîtresse la plus jeune chez nous a déjà plus de 60 ans. Les jeunes ne veulent pas travailler dans une école pour des salaires misérables« , poursuit-elle.

Pourtant, il y a quelques mois, la vieille dame a repris espoir. « Quand en septembre, ils ont parlé d’augmenter les salaires des professeurs de 30%, nous nous sommes réjouis« , raconte-t-elle.

Mais la déception n’a pas tardé: peu après, le gouvernement a introduit une réforme de l’éducation, qui a réduit le nombre d’heures d’enseignement.

Du coup, le salaire des enseignants a baissé, et ne s’élève plus désormais qu’à « 7.000-10.000 roubles » (170-240 euros), indique Zinaïda.

Ses déconvenues ne s’arrêtent pas là. Lorsqu’on lui dit qu’elle doit se faire opérer rapidement des yeux, elle est contrainte de s’inscrire dans une clinique privée, pour ne pas attendre six mois l’intervention dans un hôpital public. Et elle doit débourser 30.000 roubles (710 euros).

« Et pendant ce temps, on entend le pouvoir nous bassiner à tout bout de champ sur la modernisation de la médecine« , maugrée-t-elle.

Son fils Guennadi ne votera pas non plus pour Russie Unie. Cet électricien de 50 ans est au chômage depuis un an.

« Les autorités disent tout le temps que dans la région de Primorie (dont Vladivostok est le chef-lieu, ndlr), le taux de chômage est bas« , grâce aux vastes chantiers lancés en vue du sommet annuel du Forum économique Asie-Pacifique (Apec) qui doit se tenir en 2012 dans cette ville portuaire d’Extrême-Orient, relève-t-il.

Mais en fait, « ce sont des Ouzbèkes et des Tadjiks qui travaillent sur ces chantiers« , pour des salaires défiant toute concurrence. « Et les locaux restent sans emploi », ajoute-t-il.

« Je voterai pour le parti communiste. Non pas que je sois un de leurs partisans, mais parce que ce sont les seuls actuellement qui peuvent réellement faire concurrence à Russie Unie à la Douma« , explique ce quinquagénaire.

Ces sentiments semblent répandus à Vladivostok. Selon un sondage en ligne effectué auprès de 4.200 personnes de la région sur leurs intentions de vote, seuls 5% ont répondu qu’ils voteraient pour Russie Unie, contre 34% pour le Parti communiste.

« Il existe en Extrême-Orient un important vote de protestation » qui s’est renforcé ces dernières années, explique Nikolaï Petrov, de l’antenne moscovite du centre Carnegie.

En 2008, Vladivostok a d’ailleurs été le théâtre de manifestations, réprimées sans ménagement par les autorités, contre la hausse des taxes sur les voitures d’occasions importées, une source de revenus dans la région compte-tenu de la proximité du Japon.

Mais selon M. Petrov, la tendance s’observe aussi dans d’autres régions du pays, de l’enclave de Kaliningrad (ouest) à Irkoutsk (Sibérie) en passant par Saint-Pétersbourg et l’Oural.

« Dans nombre de régions, la population est mécontente » en raison de problèmes locaux et de la corruption, et elle finit par en vouloir au pouvoir fédéral, qui nomme les responsables locaux, explique-t-il.

A Vladivostok, le mécontentement enfle à l’approche des élections

par | 30 Nov 2011 | 0 commentaires

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