Accueil 9 Infos 9 Politique 9 A peine libéré, l’opposant Navalny promet de remporter la mairie de Moscou

A peine libéré, l’opposant Navalny promet de remporter la mairie de Moscou

L’opposant numéro un russe Alexeï Navalny, à peine libéré de prison d’une ville de province, a fait samedi un retour triomphal à Moscou en promettant de gagner la bataille pour la mairie de la capitale russe devant des centaines de ses sympathisants

« Nous allons participer à cette élection et nous allons gagner », a déclaré M. Navalny, ovationné par ses partisans, juste après être descendu avec sa femme Ioulia du train de nuit arrivé de Kirov, à 900 km à l’est de la capitale.

L’une des figures emblématiques de l’opposition russe, Alexeï Navalny a été jugé dans cette ville pour détournement présumé de millions de roubles et condamné jeudi à cinq ans de camp, au terme d’un procès vivement dénoncé par l’Occident et que l’opposant lui-même qualifie de politiquement motivé et visant à le faire taire.

Orateur efficace contre le président russe Vladimir Poutine, M. Navalny a été arrêté dans la salle même du tribunal, mais bénéficié d’une libération surprise quelques heures plus tard en attendant l’examen de son appel.

A la gare Iaroslavski de Moscou, l’opposant a été accueilli par une foule de sympathisants vêtus de T-shirts estampillés « Navalny » et « frère de Navalny », et chargés de fleurs, qui scandaient son nom. Des forces de police anti-émeute étaient stationnées à proximité.

« Ensemble nous sommes une force énorme et puissante, et je suis heureux que nous ayons commencé à nous en rendre compte », a lancé M. Navalny à l’aide d’un porte-voix.

« Devant nous, il y a une longue et difficile campagne électorale. Sept semaines de travail sans interruption, et ce n’est que le début », a-t-il souligné, faisant référence à l’élection municipale du 8 septembre à Moscou.

Alexeï Navalny, 37 ans, devenu opposant numéro un du président Vladimir Poutine lors des manifestations de 2011-2012, était accusé d’avoir organisé en 2009 le détournement de 16 millions de roubles (400.000 euros) au détriment d’une exploitation forestière publique, Kirovles, alors qu’il était consultant du gouverneur libéral de la région.

Jeudi, l’opposant a été condamné à cinq ans de camp et arrêté dans la salle même du tribunal. Mais, à la surprise générale, Alexeï Navalny a été remis en liberté vendredi à la demande du parquet, vingt-trois heures après son arrestation.

Sa remise en liberté a clairement été liée par le tribunal à des questions électorales, le juge ayant estimé que « son maintien en détention le (plaçait) en situation inégale face aux autres candidats ».

L’annonce de la condamnation de M. Navalny a provoqué des manifestations à Moscou et Saint-Pétersbourg, à l’issue desquelles environ 200 personnes ont été interpellées.

Par ailleurs, la police de Moscou a annoncé samedi avoir ouvert une enquête criminelle pour vandalisme après l’apparition sur les murs du parlement russe de graffiti « insultants » visant le président Vladimir Poutine, lors d’une manifestation en faveur de M. Navalny jeudi soir.

Les manifestants ont apparemment écrit « Poutine est un voleur » et « Poutine est un gay » sur les murs et les fenêtres du rez-de-chaussée de la Douma et y ont collé des dizaines d’étiquettes rouges avec le nom de Navalny.

Le 8 septembre, Alexeï Navalny affrontera le maire sortant Sergueï Sobianine, un proche de Vladimir Poutine nommé par décret en 2010.

Selon nombre d’observateurs, la demande du parquet de remise en liberté d’Alexeï Navalny a été formulée sous l’influence d’une partie de la direction russe qui s’est inquiétée de la perte de légitimité de cette élection.

L’emprisonnement, durant la campagne électorale, d’un candidat en vue à l’élection de la mairie de Moscou, a été source d’embarras pour les autorités, ont estimé certains critiques du pouvoir, alors que la condamnation de M. Navalny a été vivement dénoncée par l’Occident.

« La condamnation de M. Navalny à une peine de prison sévère constitue l’exemple le plus récent d’une tendance perturbante de l’Etat (russe) à vouloir faire taire les voix dissidentes de la société civile », a ainsi déclaré jeudi la Maison Blanche.

Certains observateurs évoquent également le signe d’un possible revirement du Kremlin.

« La participation dans la course électorale pour la mairie de Moscou, le scrutin le plus important en Russie après la présidentielle, va nettement améliorer l’image publique de Navalny, quelle que soit l’issue » de l’élection, soulignent les experts de la société Eurasia Group.

La plupart des observateurs estiment toutefois que l’opposant sera débouté en appel, les divergences portant généralement sur la date de l’examen, et donc de son retour en prison: avant, ou après l’élection de septembre.

Alors qu’il a aussi affiché son intention de briguer la présidence du pays en 2018, toute condamnation, si elle est confirmée en appel, le rendra inéligible.

A peine libéré, l’opposant Navalny promet de remporter la mairie de Moscou

par | 24 Juil 2013 | 0 commentaires

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans la même rubrique…

Poutine, le maître du jeu (Documentaire)

Poutine, le maître du jeu (Documentaire)

En France, alors que la campagne pour la présidentielle démarre, l’éventualité d’une ingérence russe est redoutée par beaucoup. La question est en réalité de savoir jusqu’où Poutine est prêt à aller pour se maintenir au pouvoir.