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Alexeï Navalny arrêté dès son retour en Russie, cinq mois après son empoisonnement

L’opposant russe, jusqu’ici en convalescence en Allemagne, a été interpellé dès son arrivée à l’aéroport de Moscou. Plusieurs pays, dont la France, ont appelé à sa « libération immédiate ».

L’opposant russe Alexeï Navalny, de retour en Russie après plusieurs mois de convalescence en Allemagne où il se remettait d’une tentative d’empoisonnement, a été arrêté dès son arrivée à l’aéroport de Moscou, dimanche 17 janvier. Les services pénitentiaires russes (FSIN) ont confirmé son arrestation et ont précisé qu’il « restera en détention jusqu’à la décision du tribunal » sur son cas.



 

Le principal opposant à Vladimir Poutine se voit reprocher d’avoir violé les conditions d’une peine de prison avec sursis, dont il a écopé en 2014. Il a été emmené par plusieurs policiers en uniforme alors qu’il s’apprêtait à donner son passeport pour le contrôle à la frontière, aux côtés de sa femme Ioulia.

« Ici, c’est chez moi. Je n’ai pas peur (…) car je sais que j’ai raison et que les affaires criminelles lancées contre moi sont fabriquées de toutes pièces. Je n’ai peur de rien et je vous appelle à n’avoir peur de rien », a déclaré M. Navalny avant son arrestation.

L’opposant a atterri à l’aéroport Cheremetievo peu après 18 heures, dimanche. Son avion a été dérouté de l’aéroport où il devait initialement arriver, et où l’attendaient ses partisans et la police antiémeute. Selon des journalistes à bord, le pilote de l’avion venant de Berlin a d’abord annoncé un retard de trente minutes en raison d’un « problème technique », avant de préciser que l’appareil se dirigeait vers Cheremetievo et n’atterrirait pas à l’aéroport de Vnoukovo comme prévu.

« Arrestation inacceptable »

L’arrestation de l’opposant russe est « inacceptable », a réagi dans un Tweet le président du Conseil européen, Charles Michel, appelant Moscou à sa « libération immédiate ». Paris a adressé le même message aux autorités russes quelques heures plus tard. La Lituanie a également appelé à adopter de nouvelles sanctions contre Moscou et la Pologne à une « réponse rapide et sans équivoque au niveau de l’Union européenne ».

« Les Etats-Unis condamnent fermement la décision de la Russie d’arrêter Alexeï Navalny », a déclaré le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo dans un communiqué, estimant « que sa détention est la dernière d’une série de tentatives pour faire taire Navalny et d’autres personnalités de l’opposition et voix indépendantes qui critiquent les autorités russes ».

Le futur conseiller à la sécurité nationale du président élu américain Joe Biden, Jake Sullivan, a également exhorté les autorités russes à libérer Alexeï Navalny. « Les attaques du Kremlin contre M. Navalny ne sont pas seulement une violation des droits humains, mais un affront au peuple russe qui veut que sa voix soit entendue », a-t-il écrit sur Twitter. Il a aussi appelé à « tenir responsables » les auteurs de son empoisonnement en août.

Pour l’ONG Amnesty International l’arrestation de M. Navalny en fait un « prisonnier de conscience », victime d’une « campagne implacable » des autorités russes visant à « le faire taire ».

La porte-parole du ministère russe des affaires étrangères Maria Zakharova a rétorqué via Facebook, demandant aux responsables étrangers de « respecter le droit international » et de « se mêler de leurs propres problèmes ».

Depuis que le pire ennemi du président Vladimir Poutine avait annoncé, mercredi, son intention de rentrer dans son pays, les services pénitentiaires l’avaient mis en garde et assuré qu’ils seraient « obligés » de l’arrêter. Selon eux, quand il était en Allemagne, Alexeï Navalny n’a pas respecté son obligation de pointer au moins deux fois par mois à l’administration pénitentiaire.

L’opposant est aussi visé depuis la fin du mois de décembre par une nouvelle enquête pour fraude. On le soupçonne d’avoir dépensé pour son usage personnel 356 millions de roubles (3,9 millions d’euros) de dons. Alexeï Navalny, 44 ans, avait balayé ces manœuvres visant, selon lui, à « l’effrayer » et appelé, au contraire, ses partisans à venir l’accueillir à l’aéroport moscovite de Vnoukovo.

A l’aéroport Vnoukovo, la police antiémeute était présente en force et plusieurs centaines de partisans s’étaient massés devant les barrières installées pour barrer l’accès à la salle des arrivées. Plusieurs alliés du principal opposant russe y ont été arrêtés dans l’après-midi. « Lioubov Sobol, Rouslan Chaveddinov, Ilia Pakhomov, le juriste Alexeï Molokoïedov, l’assistant de Navalny Ilia Pakhomov, la directrice de campagne Anastasia Kadetova et Konstantin Kotov ont été arrêtés », a détaillé sur Twitter Ivan Jdanov, l’un des plus proches collaborateurs d’Alexeï Navalny. Ils ont été relâchés quelques heures plus tard.

L’aéroport de Vnoukovo avait, par ailleurs, déclaré qu’il n’autoriserait pas les médias à travailler dans le terminal, officiellement à cause de la pandémie de Covid-19. « Voilà à quel point ils sont lâches, pathétiques et ridicules », a lâché M. Navalny sur Instagram avant le décollage, tournant en dérision dans d’autres messages sur Twitter les mesures drastiques prises par l’aéroport Vnoukovo. « Comme d’habitude, les autorités russes sont caractérisées par leur peur », a-t-il poursuivi.

Pas d’enquête en Russie sur son empoisonnement

Le chef de file de l’opposition russe était subitement tombé dans le coma en août, alors qu’il revenait d’une tournée électorale en Sibérie. D’abord hospitalisé à Omsk, il avait, finalement, été évacué vers un hôpital berlinois sous la pression de ses proches.

Trois laboratoires européens ont, depuis, conclu qu’Alexeï Navalny avait été empoisonné par un agent innervant de type Novitchok, développé à l’époque soviétique à des fins militaires. Cette conclusion a été confirmée par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) malgré les dénégations de Moscou.

L’opposant accuse les services spéciaux russes (FSB) d’avoir tenté de l’assassiner sur l’ordre direct de Vladimir Poutine. Au gré des versions, les autorités russes ont, de leur côté, mis en cause les services secrets occidentaux, ou l’hygiène de vie d’Alexeï Navalny. Elles ont refusé d’ouvrir une enquête, arguant notamment du refus de l’Allemagne de transmettre ses données à la Russie.

Samedi, Berlin a toutefois annoncé que des éléments de son enquête judiciaire avaient été transmis à Moscou, notamment « des procès-verbaux » d’interrogatoires d’Alexeï Navalny et « des échantillons de sang et de tissus, ainsi que des morceaux de vêtements ». La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé dimanche que Moscou avait reçu ces documents. Elle a aussi assuré qu’ils « ne comportaient essentiellement rien » de ce que la Russie voulait.

Alexeï Navalny arrêté dès son retour en Russie, cinq mois après son empoisonnement

par | 18 Jan 2021 | 0 commentaires

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