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Comment la Russie a intégré le G8, club des grandes puissances démocratiques

La Russie, dont les divergences avec ses partenaires occidentaux sont devenues flagrantes au sommet du G8 d’Irlande du Nord, est membre à part entière depuis 2002 de ce groupe des grandes puissances démocratiques auquel elle a été invitée progressivement après la chute de la dictature communiste.

« Soyons francs, voilà ce que c’est : le G7 + 1″, a déclaré lundi l’un des participants, le Premier ministre canadien Stephen Harper, alors que le président russe, Vladimir Poutine, avait des entretiens glacials sur la Syrie, dont il soutient le régime.

Si les intérêts économiques et la coopération internationale imposent de maintenir le meilleur ton possible dans les relations, le tour de vis donné en Russie après la contestation de l’hiver 2011-2012, les ONG qualifiées d' »agents de l’étranger », les affaires Pussy Riot et Magnitski notamment, ont achevé de creuser un fossé entre Russes et Occidentaux.

Exsangue après la chute du régime communiste, maintenue à flots par les crédits du FMI, mais tournée vers l’Ouest et les réformes démocratiques, la Russie avait été invitée au début des années 1990 en observateur aux sommets du G7, un club né dans les années 1970 avec pour principes de base démocratie et économie de marché.

En 1995, le président Boris Eltsine avait participé pour la première fois à une partie des délibérations lors du sommet canadien d’Halifax en 1995. Soucieux de le ménager face aux conservateurs communistes, voire au risque de chaos dans un pays héritier de l’arsenal nucléaire soviétique, les sept « grands » n’avaient guère critiqué la première guerre lancée l’année précédente en Tchétchénie. C’était le G7 + 1.

C’est en 1997, au sommet de Denver, aux Etats-Unis, que naît le G8 : la Russie est admise à toutes les discussions, hormis celles des ministres des Finances.

En 2000, après une fin de règne difficile pour un Boris Eltsine malade, affaibli et qui a dû donner des gages à des « oligarques » milliardaires, le sommet d’Okinawa (Japon) est l’occasion pour les sept d’accorder un accueil chaleureux au nouveau président, Vladimir Poutine, malgré une nouvelle guerre lancée en Tchétchénie.

En 2002, la Russie, portée par le regain de sa manne pétrolière, et où l’ex-agent du KGB Vladimir Poutine s’est entouré de libéraux et a tendu la main aux Américains après les attentats du 11 septembre 2001, devient membre à part entière, et participe à l’ensemble des travaux.

En 2003, le patron du pétrolier Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, qui finançait l’opposition, est arrêté, puis lourdement condamné.

Les révélations sur des exactions des militaires russes en Tchétchénie se sont également multipliées entre temps, mais M. Poutine s’affiche en allié précieux dans un monde instable au sommet de 2005 en Ecosse.

En 2006, c’est la consécration : la Russie prend la présidence tournante du G8, dont Vladimir Poutine organise en grande pompe le sommet à Saint-Pétersbourg, sa ville natale.

La « guerre du gaz » qui a vu l’hiver précédent la Russie couper le robinet de l’Ukraine et par la même occasion le flux d’exportation vers l’Europe, a cependant semé le doute.

Mais la Russie est en pleine croissance, et M. Poutine s’exprime de manière crue : « Les chiens aboient, la caravane passe », répond-il aux critiques, promettant de faire entendre la voix des pays émergents aux « chats gras » du G8.

La même année, le conservateur américain John McCain demande en vain le boycott du G8 organisé dans un pays qui n’est « pas une démocratie ».

En 2008, limité à deux mandats consécutifs par la Constitution, M. Poutine devient Premier ministre et propulse à la présidence son ancien chef de cabinet Dmitri Medvedev, qui va incarner un temps des espoirs de libéralisation.

L’initiative d’un « redémarrage » des relations avec les Etats-Unis après l’élection la même année de Barack Obama fera cependant long feu.

Le retour de M. Poutine au Kremlin en mai 2012 est accompagné de manifestations sans précédent. Après avoir accusé les Occidentaux de les avoir inspirées, M. Poutine boude alors le sommet du G8 de Camp David, aux Etats-Unis, y déléguant Dmitri Medvedev.

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par | 25 Juin 2013 | 0 commentaires

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