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Des Russes vivent encore dans des « kommunalkas » à Saint-Pétersbourg

Un long couloir, une cuisine et des sanitaires partagés avec les voisins: des milliers de Pétersbourgeois vivent toujours une vie pleine de conflits, mais aussi parfois de convivialité, dans les appartements communautaires, les « kommunalkas » héritées de l’époque soviétique.

Natalia Zavialova, 34 ans, vendeuse dans un supermarché, occupe avec sa fille de 13 ans, Liza, une pièce de 25 m2 dans un cinq pièces en plein centre de Saint-Pétersbourg.

Dix personnes âgées de 2 à 80 ans, dont un chauffeur, une retraitée, une comptable, un ouvrier et une infirmière, cohabitent tant bien que mal dans cet ancien immeuble de rapport du XIXème siècle.

Avec 3,50 mètres sous plafond et de grands fenêtres qui donnent sur une église, un long couloir, une petite salle de bain et une grande cuisine partagée où l’on croise toujours un voisin, cet appartement communautaire est typique de l’habitat de milliers de personnes dans la deuxième ville de Russie.

kommunalka2.jpgDans la cuisine, quatre réchauds à gaz, quatre tables et quatre réfrigérateurs. Chaque famille se sert des parties communes tour à tour, le « tableau de service » est affiché dans le couloir.

Comme dans la plupart des « kommunalkas », les sanitaires sont d’une propreté relative, les murs n’ont pas été repeints depuis longtemps, et les parquets n’ont plus rien en commun avec ce qu’ils ont dû être.
Promiscuité oblige, les relations se font souvent délicates au fil des ans, et Natalia avoue ne plus adresser la parole depuis deux ans à l’une des habitantes de son appartement.

« Mais en fait, on vit gaiement, c’est un peu comme si on était devenus parents », ajoute-t-elle, racontant que fêtes et anniversaires étaient souvent partagés.

Saint-Pétersbourg (5 millions d’habitants) compte encore plus de 100.000 appartements communautaires, dont 80% sont dans le centre historique de l’ancienne capitale impériale russe.

L’apparition des appartements communautaires en Russie date des années qui suivirent la révolution bolchevique de 1917, lorsque ouvriers et paysans furent installés dans les appartements bourgeois, les propriétaires étant relégués la plupart du temps dans une seule pièce de leur ancien logis.

Dans les années 1980, près de 40% des appartements du centre historique de Leningrad (nom soviétique de Saint-Pétersbourg) étaient communautaires.

Depuis la fin du communisme en 1991, nombre de ces appartements bourgeois, la plupart du temps dans un état de délabrement avancé, ont été rachetés par des Russes aisés, en relogeant chaque famille dans un petit appartement individuel de la périphérie.

Une aubaine, mais aussi un casse-tête pour les éventuels acheteurs, qui doivent satisfaire les exigences de chacun des occupants — propriétaires de leur pièce et d’une fraction des parties communes — pour que l’affaire se fasse.

Le processus est encouragé par la mairie, qui affiche l’intention de se débarrasser des appartements communautaires d’ici 2020.

Marina Romanova, une biologiste de 40 ans, a pu devenir la seule propriétaire de l’appartement communautaire qu’elle occupait en centre-ville.

« Notre situation était avantageuse : nous n’avions qu’une voisine », se réjouit-elle, expliquant avoir pu s’acquitter des 2 millions de roubles (50.000 euros) nécessaires grâce à une aide de la mairie.

Tous n’ont pas cette possibilité, comme Lioudmila Alexandrova, une ancienne policière de 57 ans qui habite avec onze autres personnes un appartement communautaire sur le canal Griboïedov.

« Nous n’avons aucun espoir de déménager d’ici », se désole-t-elle.

Car la ville garde nombre d’appartements de 6, 8 pièces ou plus dans des immeubles qui n’ont connu que peu de travaux d’entretien depuis 1917, et qui n’ont pas tous la vue ou l’agrément facilitant leur rachat.

Des Russes vivent encore dans des « kommunalkas » à Saint-Pétersbourg

par | 7 Juin 2011 | 0 commentaires

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