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En Russie, le système politique est verrouillé par le parti de Poutine

Dans un système qui ne tolère aucune véritable opposition, le parti de Vladimir Poutine domine largement la scène politique, pourvu d’une majorité parlementaire écrasante face à quelques formations qui n’inquiètent guère le pouvoir, soulignent des experts.

A l’issue des législatives de dimanche, le parti Russie unie du Premier ministre est quasi assuré de conserver la majorité absolue à la Douma (chambre basse), où il contrôle 315 des 450 sièges de l’assemblée sortante.

« Le multipartisme en Russie n’est que formel, dans la mesure où le Kremlin contrôle tous les partis, aucun d’entre eux ne peut agir de manière indépendante« , estime le politologue Stanislav Belkovski, de l’Institut de stratégie nationale.

Le Parti communiste (57 sièges à la Douma), et surtout le Parti libéral-démocrate (nationaliste, 40 sièges) comme le parti de centre-gauche Russie juste (38) sont largement considérés comme de simples faire-valoir plus ou moins consentants du parti au pouvoir.

Les autres, comme le petit parti d’opposition libérale Iabloko, auront du mal à franchir le seuil de 7% des voix pour entrer à la Douma. Un autre, Parnas, mené par l’ex-Premier ministre Mikhaïl Kassianov, s’est vu refuser le droit de participer au scrutin.

Selon un dernier sondage de l’institut indépendant Levada, 51% des Russes estiment du reste que les législatives ne constituent qu’une « imitation » de lutte politique, dans laquelle la répartition des sièges va être « décidée par le pouvoir« .

Pour autant, souligne Iouri Korgouniouk, politologue du fonds Indem, le parti Russie unie « n’a aucun pouvoir, il en a seulement l’apparence« .

« C’est la direction du pays qui a le monopole du pouvoir« , ajoute cet analyste, soulignant que cette situation a répondu jusqu’à présent aux attentes d’une part significative de la population.

L’expert rappelle que la Russie a connu une première période chaotique de démocratie sous la présidence de Boris Eltsine (1991-1999), marquée notamment par des affrontements armés en 1993 autour d’un Parlement en rébellion, l’influence croissante des « oligarques » au Kremlin à partir de 1996, mais aussi par un réel pluralisme.

L’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000, élu à la présidence où il a effectué deux mandats jusqu’en 2008 a marqué une nette reprise en mains.

L’Etat a repris le contrôle des grandes chaînes de télévision, les « oligarques » ont été écartés, forcés à l’exil ou emprisonnés, l’élection des gouverneurs de régions a été supprimée — il sont nommés par le Kremlin –, et l’opposition libérale a été laminée, notamment grâce à de nouvelles règles électorales.

La Douma est devenue en substance une chambre d’enregistrement dont toute opposition radicale a été écartée.

Vladimir Poutine, l’homme fort du pays qui ambitionne de revenir au Kremlin à la présidentielle de mars, s’est justifié d’avoir « serré les boulons« , dans une interview télévisée en octobre, affirmant que le pays était « pratiquement arrivé à la guerre civile » à la fin des années 1990.

Ce qu’il reste de l’opposition russe, les ONG de défense des droits de l’homme — et des chancelleries occidentales si l’on en croit les révélations l’année dernière du site wikileaks– considèrent que la Russie s’est écartée du modèle démocratique qu’elle s’était fixé.

Pour Iouri Korgouniouk, vingt ans après la chute du régime soviétique, « on voit qu’il n’était pas possible de se débarrasser si facilement et si vite du passé« .

Vladimir Poutine a créé au printemps un « Front populaire« , vaste mouvement censé mobiliser toute la Russie autour du parti au pouvoir, une initiative qui a suscité aussitôt des comparaisons avec l’omniprésent parti communiste de l’époque soviétique.

Pour autant, les analystes soulignent les dangers d’un système verrouillé: le pouvoir « va devoir faire preuve de souplesse« , notamment si la situation économique se dégrade, estime M. Korgouniouk.

En Russie, le système politique est verrouillé par le parti de Poutine

par | 30 Nov 2011 | 0 commentaires

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