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Investir en Russie: un marché à double tranchant pour les étrangers

Difficultés à obtenir des permis de construire, corruption, déboires judiciaires et administratifs : les entreprises étrangères sont encore confrontées à de nombreux problèmes en Russie alors que Moscou ne cesse de les encourager à investir dans le pays.

Dernier exemple en date, « L’appel de la Russie », un forum consacré à l’investissement, organisé du 5 au 7 octobre par la banque russe VTB à Moscou, afin d’attirer des investisseurs étrangers.

Mercredi, des représentants des grandes entreprises du secteur énergétique, telles Loukoïl, Rusal ou Norilsk Nickel, y ont fait miroiter les ressources considérables de la Russie.

La veille, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a réitéré la volonté du gouvernement d’accorder des avantages fiscaux pour renforcer l’attractivité du marché russe.

Pourtant, nombre d’entreprises étrangères sont encore confrontées en Russie à des problèmes administratifs, judiciaires ou de corruption, qui sont autant de freins à leurs projets.

A la mi-septembre, le groupe de distribution Atac, détenu par Auchan, a été contraint de fermer l’un de ses magasins dans la ville de Vladimir (190 km à l’est de Moscou), à la suite d’un litige avec des partenaires russes chargés de la construction d’un magasin.

L’an passé, le géant suédois du meuble Ikea a décidé de geler ses investissements en Russie, à cause de difficultés administratives qui faisaient traîner ses projets. Depuis, Ikea a licencié deux de ses cadres dirigeants en Russie, soupçonnés d’avoir couvert le versement de pot-de-vins, liés à l’approvisionnement en électricité d’un de ses centres commerciaux.

En matière de corruption, la Russie occupe la 146e place dans un classement de 180 pays allant du moins au plus corrompu, effectué par l’ONG Transparency International.

Et elle arrive seulement à la 120e place sur un total 183 pays pour ses qualités d’accueil concernant les activités entrepreunariales, selon un classement de la Banque mondiale.

Néanmoins, la ministre française de l’économie, Christine Lagarde, qui participait à ce forum, a loué mardi l’accueil et l’attractivité du marché russe pour les entreprises étrangères.

« Les grandes entreprises reçoivent un accueil prévisible et organisé. L’Oréal, Peugeot et Lafarge envisagent de grands projets d’investissement, notamment dans la province de Kalouga », a-t-elle souligné.

Ces entreprises « ont réussi un investissement dans des conditions d’efficacité, de disponibilité, de rigueur absolument remarquables », a renchérit Mme Lagarde.

Toutefois, les tracas pour obtenir un permis de construire ou le raccordement à l’électricité « affectent les hommes d’affaires » et ne sont pas à négliger, observe de son côté un responsable de la Banque mondiale, Janamitra Devan.

« Le gouvernement russe essaye de lutter contre chacun de ces problèmes, mais il y en a des centaines », ajoute-t-il.
Parmi les défis à moyen terme que doit relever la Russie, le Fonds monétaire international (FMI) a inclus l’amélioration du climat d’investissement.

Il y a « un besoin de réforme de l’administration publique, de la fonction publique et du système judiciaire, afin d’assurer un niveau de concurrence à armes égales entre tous les investisseurs », a déclaré le FMI dans un rapport publié mercredi.

Mais en dépit des problèmes, la Russie reste néanmoins un marché extrêmement attractif, notamment pour ses ressources naturelles, ce qui explique qu’elle peut se permettre d’évoluer dans ce climat d’investissement peu optimal, selon M. Devan.

Investir en Russie: un marché à double tranchant pour les étrangers

par | 10 Oct 2010 | 0 commentaires

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