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La Russie convoite les plus beaux actifs du Bélarus, laminé par la crise

La Russie convoite certains des actifs les plus précieux de son voisin bélarusse, à la faveur de la profonde crise financière qui frappe ce pays à l’économie dirigiste, la plus grave depuis les années 1990.

Le quotidien économique russe Vedomosti rapportait jeudi que Moscou était sur le point de mettre la main sur le géant bélarusse des engrais, Belaruskali.

Le milliardaire russe Souleïman Kerimov, réputé proche du Kremlin, a rencontré mercredi le président bélarusse, Alexandre Loukachenko, pour se mettre d’accord sur la vente de 50% plus une action du groupe pour un montant de 15 milliards de dollars, ont indiqué des sources proches de l’homme d’affaires russe au journal.

« Je ne peux pas confirmer que de tels accords existent », a réagi jeudi l’ambassadeur russe à Minsk, Alexandre Sourikov, lors d’une conférence de presse, mais « je n’exclus pas qu’ils soient possibles ».

Cette acquisition, si elle était parachevée, permettrait à M. Kerimov, qui possède déjà le géant russe Uralkali, d’accroître sa domination sur le marché mondial des engrais, et de pouvoir rivaliser avec le canadien Potash Corp, numéro un mondial dans ce secteur.

Car Belaruskali est un actif de choix, le Bélarus étant assis sur les troisièmes plus importantes réserves de potasse au monde.

Une raison pour laquelle Minsk était jusqu’à présent réticent à se séparer de ce champion national. Le président bélarusse a en janvier averti que seuls 25% du capital seraient mis en vente.

Or, le pays est depuis confronté à la plus grave crise financière qu’il ait connue depuis l’arrivée au pouvoir d’Alexandre Loukachenko au pouvoir il y a 17 ans.

La hausse progressive des prix des matières premières fournies par la Russie et les dépenses effectuées lors de la campagne pour la présidentielle de décembre 2010 ont sérieusement creusé son déficit commercial et asséché ses réserves en devises.

Pris à la gorge, Minsk a dû se résoudre à dévaluer sa monnaie et à demander un crédit à la Russie, un voisin avec qui les relations sont fluctuantes, et à ses partenaires de l’ex-Union soviétiques.

Mais l’accord pour un prêt de trois milliards de dollars sur trois ans, signé jeudi à Minsk, prévoit que le pays procède à d’importantes privatisations.

Contraint de se plier à cette exigence, le Bélarus est désormais en négociations avec Moscou pour céder à Gazprom, déjà propriétaire de la moitié du capital de Beltransgaz, la société qui transporte du gaz russe vers l’Europe, les 50% restants.

Minsk, plus que jamais isolé sur la scène internationale depuis la violente répression en décembre de l’opposition à Minsk, n’a en effet plus beaucoup de marge de manoeuvre.

Car à part la Russie, « le Bélarus n’a personne d’autre sur qui compter », commente à l’AFP Tatiana Orlova, analyste chez Nomura, une banque d’investissements.

Et même si les autorités bélarusses arrivent à décrocher le prêt qu’elles ont demandé au Fonds monétaire international, elles se verront imposer « des conditions strictes ».

Cependant, la vente des entreprises les plus rentables à la Russie aura aussi un prix politique, ajoute Mme Orlova. « La Russie aura plus de leviers pour contrôler la situation au Bélarus de l’intérieur », explique-t-elle.

« Si pour l’instant, elle est incapable – et sans doute réticente – à remplacer Loukachenko, elle pourra trouver un meilleur candidat une fois qu’elle aura mis un peu plus le pied dans l’économie bélarusse », conclut-elle.

La Russie convoite les plus beaux actifs du Bélarus, laminé par la crise

par | 17 Juin 2011 | 0 commentaires

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