Le métro de Moscou, monument architectural célébré par des générations de Soviétiques, s’est paré jeudi d’un nouveau joyau, la station Troubnaïa, qui témoigne d’une esthétique inégalée dans le monde !
Comme ses grandes « soeurs » des années 30 ou de l’après-guerre, symboles du socialisme triomphant, la station, inaugurée sous la place du même nom au centre de la capitale, est un véritable palais souterrain avec marbre, fresques et colonnades.
De puissants escalators descendent dans les entrailles de la ville, à 60 mètres de profondeur. Dans la salle des quais, des mosaïques de verre chantent le glorieux passé de villes de l’Anneau d’or, Vladimir, Novgorod, Souzdal, Pskov, éclairées par d’élégantes lampes Art Déco.
Le sujet initial de la décoration, c’était l’ancien Moscou, mais le nouveau décorateur, Zourab Tsereteli (artiste géorgien aux sculptures monumentales très à la mode dans la capitale, ndlr) l’a changé. Maintenant ce sont des villes anciennes de Russie.
Aux grandes heures du réalisme socialiste, la mode était à d’autres héros, partisans, ouvriers et tractoristes méritants. Cinquante ans plus tard, ils continuent de veiller sur les passagers du haut de leurs mosaïques murales et statues de bronze.
Reflet de son temps, celui du post-soviétisme avec l’errance économique de l’ère Eltsine dans les années 90 et l’avènement des nouveaux riches grâce à la manne du pétrole, la station Troubnaïa a connu quelques péripéties.
Fort de son nouveau joyau, le métro de Moscou compte désormais 173 stations, aux noms aussi évocateurs que Komsomolskaïa, Place de la Révolution ou Proletarskaïa. Quelque 280 kilomètres de voies, huit à neuf millions de passagers par jour pour une capacité de 6,5 millions selon les spécialistes.
C’est le plus gros flux de passagers au monde, soit plus que les métros de New York et Londres réunis.
Dès le départ, cette vaste toile souterraine fut affaire d’Etat et de propagande. Sa construction fut décidée en 1931 par le Plenum du Comité central du Parti communiste et la première ligne inaugurée en grande pompe par Joseph Staline en 1935.
A l’époque, le pays entier construisait l’avenir radieux. Les gens vivaient à l’étroit dans des appartements communautaires, des sous-sols, des greniers mais le 15 mai 1935, quand ils descendirent sous terre, ils découvrirent des palais splendides.
Moscou au début des années 30, c’était des embouteillages monstres, des tramways pleins à craquer. Le métro, ce fut comme un miracle. Au lieu de deux heures et demi, 21 minutes suffisaient pour aller de Sokolniki à Park Koultoury.
Soixante-dix ans plus tard, alors que le boom économique draine sans cesse plus d’habitants vers Moscou, vitrine du nouveau capitalisme à la russe, le miracle tourne au cauchemar.
Aux heures de pointe, des marées humaines s’agglutinent au pied d’escalators engorgés, qui ralentissent le flux, et se bousculent à l’entrée des wagons. Syndicats et passagers dénoncent aussi une mauvaise ventilation et l’absence d’un système d’évacuation performant en cas d’accident. Face au défi démographique, le réseau ne cesse de s’étendre, surtout à la périphérie.
0 commentaires