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Le gisement de Vankor, dans le Grand Nord, symbole des ambitions russes

Quinze ans après la fin de l’URSS, le pétrole va enfin jaillir du gisement de Vankor, dans le Grand Nord, symbole des ambitions retrouvées de la Russie de Vladimir Poutine.

Perdu à 100 km au nord du cercle polaire, ce bout de glace de 140 km2 symbolise les tâtonnements d’une industrie russe qui avait périclité au lendemain de la chute de l’URSS avant un renouveau et un appétit de puissance qui fascine et inquiète désormais les Occidentaux.

Des ouvriers russes « neftianiki », emmitouflés dans de chaudes parkas s’affairent sur une vis de forage recouverte d’une glaise noire et fumante : « Nous forons jusqu’à 500-600 mètres. Fin août 2008, nous commencerons à extraire du pétrole, et à terme nous produirons 33 millions de tonnes de brut par an », égrène M. Popov, employé par la compagnie russe Rosneft qui gère.

L’histoire de Vankor commence en 1988, aux dernières heures de l’URSS.
Une expédition de géologues vient sonder la merzlota de la toundra sibérienne et découvre une terre gorgée de pétrole.

A des milliers de km de là, sur l’île de Sakhaline, le futur président de Rosneft, Sergueï Bogdantchikov, a 31 ans. Il est chargé de la propagande à la section locale du parti communiste.
L’écroulement de l’URSS en décembre 1991 empêche tout développement de Vankor.

La Russie chérit alors les Occidentaux et voit arriver les majors. Comme le groupe anglo-néerlandais Shell qui investit timidement dans Vankor en 1993, avec la société Anglo Siberian Oil, avant de jeter l’éponge.

Rosneft grandit lentement, loin derrière les géants Sibneft du milliardaire parvenu Roman Abramovitch, qui n’est pas encore parti à Londres pour son club de Chelsea, et Ioukos du spéculatif Mikhaïl Khodorkovski.

Les années passent mais le pétrole ne coule toujours pas à Vancor. En 2002, le groupe pétrolier français Total signe un accord pour le contrôle de 52% du gisement. Rapidement, ses ambitions sont balayées par Rosneft qui grossit à une vitesse exponentielle et rachète en 2003 le pétrole et le gaz de Vankor.

A Moscou, c’est un combat encore plus important qui se joue.
Le Kremlin a sonné la charge contre l’homme le plus riche de Russie, Mikhaïl Khodorkovski, arrêté en octobre 2003 et accusé d’escroquerie et évasion fiscale. Tout s’accélère: la descente aux enfers de l’oligarque et le démantèlement morceau par morceau de son groupe.

Rosneft récupère la plus grosse part du gâteau, soit des réserves, des infrastructures et du personnel. Nombreux sont ceux qui chez Rosneft, de Moscou à Vankor, étaient auparavant aux ordres de Mikhaïl Khodorkovski. Souvent d’excellents techniciens et ingénieurs », indique un employé de Vankor qui préfère garder l’anonymat. « La maison n’aime pas trop qu’on parle de Ioukos.

Désormais, la direction de Rosneft place de grands espoirs dans Vankor, ses 135 millions de tonnes de pétrole de réserves prouvées et ses 70 milliards de m3 de gaz.

Pour le développement de ce gisement, Rosneft fait appel aux spécialistes occidentaux de l’industrie pétrolière comme Veco Engineering.

Signe des temps, Moscou ne regarde plus vers l’Ouest, l’Europe et plus loin les Etats-Unis, mais vers la Chine et le Japon, dévoreurs d’énergie.
Un tronçon d’oléoduc de plus de 500 km doit relier Vankor à Pour-Pé, et de là rejoindre l’oléoduc Sibérie-Pacifique, long de 4.130 km et destiné à livrer du pétrole russe aux pays d’Asie.

Le gisement de Vankor, dans le Grand Nord, symbole des ambitions russes

par | 17 Jan 2007 | 0 commentaires

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