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Le siège de Météo France bientôt transformé en église orthodoxe

L’Etat français a vendu le siège de Météo France, à Paris dans le VIIe arrondissement, à la Russie. Le montant de la transaction serait supérieur à 60 millions d’euros.

Le ministère français du Budget a affirmé, dans un communiqué, que l’Etat avait choisi « la proposition assortie du prix le plus élevé », sans révéler le montant de la transaction. Outre la Russie, le Canada et l’Arabie saoudite avaient manifesté leur intérêt pour le site.

Construit en 1948 pour les services de la Météorologie nationale, le bâtiment de plus de 8.000 m2 cédé lundi est situé sur les quais de la Seine, à proximité de la tour Eiffel, dans le VIIe arrondissement de Paris.

Il sera transformé en « un centre spirituel et culturel qui pourrait comprendre une église et un séminaire », selon un porte-parole de l’ambassade de Russie à Paris.

Cette nouvelle opération, après le déménagement des douanes en 2005 aux portes de Paris, eux aussi dispersés sur plusieurs sites, s’inscrit dans le cadre de la rationalisation du patrimoine immobilier public engagée en 2005.


L’ingérence de l’Eglise dans les affaires de l’Etat

La coopération entre l’Etat et l’Eglise a atteint en Russie un point qu’on peine à imaginer dans un pays de «séparation» comme la France. Selon la Constitution, la Russie est un Etat laïque et pluriconfessionnel. Dans la réalité, l’Eglise orthodoxe est présente à tous les niveaux de l’Etat, au point de lasser une partie de l’opinion et d’animer des courants laïques, qui ne sont pas tous des repaires d’anciens communistes. Ces courants critiquent la cléricalisation de la société russe et l’ingérence de l’Eglise dans les affaires de l’Etat. Le patriarcat de Moscou reste sourd et revendique toujours plus d’avantages dans le domaine fiscal, réclame la restitution complète du patrimoine religieux ancien, l’institution d’aumôneries militaires, l’introduction à l’école publique d’une discipline de culture orthodoxe, etc.

Personnalité d’envergure, réputé ouvert et moderne, le nouveau patriarche Cyrille fait franchir un cap supplémentaire à cette collaboration de l’Eglise et de l’Etat. Dans un discours prononcé le 29 décembre 2009 devant l’Académie russe de la Fonction publique, il a revendiqué pour l’Eglise le droit à «l’expertise morale» de tous les programmes politiques, économiques, culturels et sociaux. Le principe de laïcité n’exclut pas, plaide t-il, un mode de relations entre l’Eglise et l’Etat qui, à la fois, respecte la liberté de conscience et assure une participation active de la religion à la vie sociale.

Cette participation est souhaitée par l’Eglise — autant que par l’Etat — dans des domaines comme l’éducation morale de la jeunesse, la lutte contre la drogue et l’alcoolisme, le sort des détenus, la conservation du patrimoine culturel, etc. Eglise et Etat sont également associés dans le maintien de l’influence russe à l’étranger dans les pays de diaspora: l’Etat vient d’acquérir dans le septième arrondissement de Paris, à l’angle du quai Branly et de l’avenue Rapp, l’ancien siège de Météo-France, appelé à devenir une cathédrale, un séminaire et un centre culturel russes.

Des sommets de confusion entre orthodoxie et nationalisme

Cette situation soulève inquiétude et contestation. Un pays comme la France connaît trop bien les pièges de l’alliance du trône et de l’autel. Il est facile de mesurer les avantages que l’Etat russe peut tirer d’un tel soutien de la part d’une Eglise qui est massive, populaire et s’identifie à ses idéaux patriotiques. En l’absence de toute idéologie officielle, le mouvement Russie Unie, parti majoritaire, souhaite que l’orthodoxie bénéficie d’un statut reconnaissant sa place dans l’histoire, la culture et la société.

Mais on ne peut éviter de s’alarmer sur les risques de manipulation et d’instrumentalisation pour une Eglise qui n’a plus l’indépendance et la liberté de parole qui lui permettraient de remplir sa mission dans un pays où les médias sont verrouillés, où des journalistes et des opposants sont assassinés, où la corruption fait des ravages, où le criminalité bat des records.

La confusion entre orthodoxie et nationalisme atteint des sommets dans un pays où la démocratie est encore mal assurée, où les droits de l’homme sont loin d’être tous respectés. Ceux-ci ont besoin de voix indépendantes pour les défendre et les revendiquer.

On peut sourire au fait que le patriarche Cyrille a béni, sous les caméras, les athlètes russes en partance pour les Jeux olympiques de Vancouver. Mais quelques mois auparavant, le même avait fait une visite au quartier général des missiles stratégiques. Son prédécesseur, Alexis II, mort en décembre 2008, avait béni les blindés engagés dans la guerre en Tchétchénie. Dans un autre domaine aujourd’hui très débattu en Russie, l’Eglise fait pression sur l’Etat pour obtenir un enseignement confessionnel de culture religieuse.

Mais des voix laïques se font aussi entendre: elles réclament un enseignement strictement non confessionnel dans une Russie qui est un Etat multiconfessionnel. La religion majoritaire a des droits propres, réplique le patriarche, qui adopte une posture de modestie: «Comment accuser l’Eglise de tentatives de cléricalisation quand elle ne dispose d’aucun levier politique, n’a aucun pouvoir économique, aucune source de financement permanente. Sa seule force, c’est la parole, la foi, la prière, la capacité de convaincre». C’est ce que déclarait le patriarche Cyrille à Moscou fin décembre 2009.

Henri Tincq

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par | 7 Mar 2010 | 0 commentaires

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