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Les attentats suicide de Moscou révèlent l’échec de Poutine dans le Caucase

Les deux attentats suicide commis en plein centre de Moscou ont mis crûment en lumière l’échec des efforts de l’homme fort du pays, Vladimir Poutine, pour mettre fin à la violence séparatiste qui mine depuis des années le Caucase russe, estiment des experts.

L’un des deux attentats s’est produit sur la place de la Loubianka, où siègent les services de sécurité du FSB (ex-KGB). Ces derniers, qui ont été dirigés dans les années 1990 par M. Poutine, sont un élément clé dans la lutte contre les militants séparatistes en Tchétchénie et ailleurs.

Les explosions, qui ont fait au moins 38 morts, surviennent près d’un an après que le Kremlin a célébré en fanfare la fin d’une décennie de conflit en Tchétchénie en avril 2009, prétendant que la stabilité était revenue dans cette région et donnant carte blanche au jeune président tchétchène Ramzan Kadyrov, honni par les défenseurs des droits de l’Homme, pour diriger la république comme bon lui semble.

Mais en réalité, depuis, les attaques contre les forces de l’ordre n’ont cessé de se multiplier en Tchétchénie, dans les républiques voisines du Daguestan et de l’Ingouchie.

A tel point qu’en novembre, le président russe Dmitri Medvedev a reconnu que l’instabilité dans la région demeurait le problème numéro un du pays.

Fin janvier, il a nommé à la tête du Caucase du Nord un influent homme politique et entrepreneur, Alexandre Khloponine, dans l’espoir qu’un redressement économique parvienne à y enrayer la spirale de la violence.

La situation ne devrait pas s’améliorer prochainement, selon de nombreux analystes, qui estiment que le FSB préfère mettre sous pression les opposants politiques plutôt que de s’atteler à la corvée de traquer les séparatistes et de prévenir les attaques.
Maîtriser les dissidents est « un travail moins dangereux », ironise M. Golts.

M. Poutine avait accédé au pouvoir en 1999, se rendant célèbre par cette déclaration: « Il faut buter les terroristes jusque dans les chiottes ». Lundi, l’ancien président devenu Premier ministre a affirmé: « Les terroristes seront anéantis ».

M. Medvedev, dont les deux premières années de mandat ont pourtant été consacrées à promouvoir quelques réformes libérales, a aussi durci sa rhétorique ces derniers temps contre les rebelles du Caucase du Nord.

« C’est un défi pour la gestion politique du pays », a déclaré le colonel du FSB Mikhaïl Grichankov, premier vice-président de la commission de sécurité à la Douma (chambre basse du Parlement russe).

« C’est un échec de la politique de Poutine dans le Caucase du Nord », a déclaré l’analyste indépendant Alexandre Golts, ajoutant: « Tout acte terroriste est un échec des services spéciaux. Et les services spéciaux sont l’enfant chéri du Kremlin ».

Gleb Pavlovski, autre analyste politique connu pour ses liens étroits avec le Kremlin, a estimé que la présidence russe allait adopter une position plus musclée. »Cela va réduire l’attention accordée à la modernisation. Le programme politique actuel va quelque peu se militariser », a-t-il dit.
Désormais, le principal enjeu pour les services de sécurité est de voir si ces attentats sont les premiers d’une longue campagne de terreur, à l’image de celle qui a mené à la sanglante prise d’otages de Beslan, en 2004.

Mais pour les analystes, les attaques ne devraient pas pousser la société russe, connue pour être peu politisée, à faire pression sur les autorités pour changer leur politique dans le Caucase.

« La logique du peuple est simple », juge M. Golts. Selon lui, les Russes se diront: « J’ai survécu, ma famille a survécu – ils se serreront dans les bras et la vie suivra son cours ».

Les attentats suicide de Moscou révèlent l’échec de Poutine dans le Caucase

par | 30 Mar 2010 | 0 commentaires

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