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Limogeages de Kommersant: des journalistes russes dénoncent une intimidation

Des journalistes du groupe russe Kommersant ont accusé mercredi son propriétaire de chercher à les « intimider », au lendemain du limogeage de deux de ses dirigeants pour la publication de propos jugés injurieux à l’encontre du Premier ministre Vladimir Poutine.

Le milliardaire Alicher Ousmanov a licencié mardi le rédacteur en chef de l’hebdomadaire russe Kommersant-Vlast Maksim Kovalski et le PDG de la holding du même nom, Andreï Galiev.

« Nous prenons le limogeage (de M. Kovalski) comme un acte d’intimidation afin d’empêcher toute opinion critique à l’égard de Vladimir Poutine, même de façon indirecte en publiant des photographies de textes où l’on parle de lui sans le respect dû« , ont écrit les journalistes dans une lettre ouverte à M. Ousmanov, signée par 35 personnes.

« On nous pousse à la lâcheté, ce qui est indigne et improductif« , ajoutent les journalistes.

Dans son numéro daté du 12 décembre, Kommersant-Vlast a publié un reportage sur les fraudes imputées au parti au pouvoir Russie unie lors des législatives du 4 décembre, illustré par la photo d’un bulletin barré de rouge, sur lequel on pouvait lire en grandes lettres manuscrites « Poutine, va te faire foutre« .

Et en couverture de l’hebdomadaire se trouvent une photo de Vladimir Poutine, en train de voter et un titre mêlant dans un jeu de mots les expressions « Russie unie » et « bourrage des urnes ».

« C’était une photographie montrant le véritable comportement d’électeurs lors du scrutin« , soulignent les journalistes.

Ceux-ci jugent par ailleurs que la tentative de présenter le renvoi de M. Kovalski comme une « lutte pour la pureté de la langue russe » est une « falsification du même ordre que ce qui a irrité les gens aux élections« .

La victoire du parti au pouvoir, Russie unie, de Vladimir Poutine avec plus de 49% des suffrages, a été largement contestée en Russie et donné lieu à des manifestations de protestation sans précédent à travers le pays.

« J’estime que j’ai pris la bonne décision et je n’ai pas l’intention de revenir dessus« , a réagi M. Ousmanov, cité par l’agence Interfax.

« Il n’est pas question de persécuter les journalistes pour des motifs politiques ou autres« , s’est-il défendu, répétant que le journal avait « franchi une ligne rouge et violé des règles éthiques élémentaires« .

M. Ousmanov a par ailleurs indiqué ne pas avoir l’intention de vendre le groupe Kommersant, alors que le milliardaire Mikhaïl Prokhorov, qui a annoncé vouloir se présenter à la présidentielle de mars 2012, s’est dit intéressé par son acquisition.

« Il n’y a jamais eu de projet sur cet actif et on n’en prévoit pas » pour l’instant, a déclaré M. Ousmanov.

M. Prokhorov, troisième fortune de Russie, a annoncé sa candidature lundi, une décision vue par certains observateurs comme une tactique du Kremlin pour calmer les protestations dans le pays.

Limogeages de Kommersant: des journalistes russes dénoncent une intimidation

par | 14 Déc 2011 | 0 commentaires

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