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Nouvel été meurtrier en Russie

Les Russes ne sont pas seulement en deuil, ils sont aussi en colère et dénoncent la vétusté du matériel, la corruption et les négligences des hommes et des services de l’Etat.

Le lourd bilan du naufrage d’un navire de croisière sur la Volga, comme l’accident presque simultané d’un avion Antonov, mettent les ambitions de modernité de la Russie face à ses maux chroniques.

Boulgaria.jpgNaufrage en Russie : sur 208 personnes qui étaient à bord, 80 ont survécu au naufrage

Le bateau de croisière Boulgaria, naviguant sur la Volga, dans la république russe du Tatarstan, a fait naufrage dimanche.

Les sauveteurs russes ont remonté 41 corps de l’épave du bateau de croisière qui a sombré dans la Volga, a indiqué un porte-parole de la branche régionale du ministère russe des Situations d’urgence.

Le ministre des Situations d’urgence Sergueï Choïgou a dit au cours d’une réunion avec le président Dmitri Medvedev qu' »il n’y avait pratiquement aucune chance de trouver des survivants ».

Atterrissage en catastrophe d’un avion russe : 7 morts et 4 blessés graves

Sept personnes ont péri lundi dans l’accident d’un avion de passagers Antonov 24 qui s’est posé dans le lit du fleuve Ob en Sibérie après une avarie de moteur, ont indiqué les autorités aériennes et judiciaires.

Le comité d’enquête russe a précisé dans un communiqué que l’accident, qui s’est produit dans la région de Tomsk (Sibérie occidentale), avait fait sept morts.

« Selon des informations préliminaires, l’accident s’est produit à cause d’un feu sur un des moteurs », a indiqué le Comité d’enquête.

L’Antonov 24 (An-24) est un avion de transport et de lignes régionales mis en service au début des années 1960 en Union soviétique. Ce bimoteur à hélices a été produit à plus d’un millier d’exemplaires avant l’arrêt de la production en 1979.

Plusieurs centaines restent en service dans les pays de l’ex-URSS mais aussi en Afrique notamment. Le dernier accident aérien en date en Russie a été le crash à l’atterrissage le 20 juin dernier d’un Tupolev 134 en Carélie (nord-ouest), qui a fait 47 morts.


Le président russe Dmitri Medvedev, qui n’a cessé depuis son arrivée au pouvoir en 2008 d’afficher sa volonté de moderniser le pays, a clairement désigné les causes de cette nouvelle catastrophe, avant même que les corps de la centaine de disparus ne soient tous récupérés : le non respect « des règles de sécurité et de celles du contrôle technique ».

S’indignant du nombre de « vieilles casseroles » qui naviguent en Russie, il a ordonné une enquête sur « les responsables des services d’Etat qui ont permis de naviguer à un navire dans cet état », allusion assez claire au soupçon de corruption qui pèse sur toute l’administration russe.

Le Boulgaria, un navire construit en 1955 qui, selon les premiers éléments de l’enquête, avait un moteur en panne, était surchargé et penchait sur le côté droit, a sombré dimanche en quelques minutes dans la Volga. Seuls 80 passagers ont été sauvés sur les plus de 200 qui étaient à bord.

Un Antonov 24, un bimoteur à hélices lancé au début des années 1960 en Union soviétique, s’est pour sa part posé en catastrophe lundi sur le fleuve Ob, en Sibérie, faisant 5 morts et deux disparus parmi ses passagers, après qu’un de ses moteurs eut pris feu.

Après ce nouvel accident touchant la flotte aérienne intérieure vétuste, M. Medvedev a suggéré que ces avions soient retirés du service. Le président russe avait fait la même proposition concernant les Tupolev 134, après qu’un avion de ce type se fut écrasé en Carélie (nord-ouest) le 20 juin dernier, faisant 47 morts.

Accidents miniers, collisions ferroviaires, arsenaux de l’armée qui explosent durant des jours entiers: la Russie s’est habituée ces vingt dernières années à des catastrophes en série qui, ajoutées aux près de 30.000 morts annuels sur les routes, aux milliers de noyades, homicides, intoxications alcooliques, prélèvent un lourd tribut humain dans le pays.

« Malheureusement, toutes ces catastrophes sont absolument logiques. Nos infrastructures sont usées depuis longtemps – avions, bateaux, tout comme les oléoducs. Il est évident que le nombre d’accident ne peut que croître« , estime Iouli Nisnevitch, professeur à l’Ecole supérieure d’économie de Moscou.

« Mais le pouvoir ne s’occupe pas de régler ces problèmes difficiles et coûteux, il s’est branché sur le robinet de pétrole. C’est la fin de l’Etat« , ajoute cet expert, également membre de l’ONG Transparency International.

« Le pouvoir méprise l’individu, mais dans la société elle-même il n’y a pas de respect pour la vie humaine. Quand l’Etat se délite, la société se délite« , ajoute-t-il.

Pour Boris Kagarlitski, de l’Institut des problèmes de la mondialisation, « c’est une crise systémique« .

« Avec l’usure de toutes nos infrastructures, nous n’avons qu’étonnamment peu de catastrophes », estime-t-il.

« Les discussions sur la modernisation ne font qu’aggraver la situation: il faudrait changer dans tout le pays les tuyaux qui sont rouillés, refaire les routes, les égouts, et c’est Skolkovo qu’ils bâtissent« , ajoute-t-il, évoquant la Cité de l’innovation (Innograd) dont M. Medvedev a lancé la construction près de Moscou pour créer un équivalent russe de la Silicon Valley américaine.

Nouvel été meurtrier en Russie

par | 12 Juil 2011 | 0 commentaires

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