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Pereslavl – Zalesski

La ville de Péreslavl est l’une des plus anciennes en Russie. Dès le Xe siècle la forteresse de Klechtchine se dresse de l’autre côté du lac et l’on peut encore voir ses remparts. Selon l’histoire locale le fondateur de Péreslavl-Zalesski est louri Dolgorouki qui régna pendant une période
difficile pour la Russie (XIIe siècle).

Les «postes frontière» du sud étaient décimés par les nomades des steppes qui faisaient progressivement
reculer vers le nord les Slaves sédentaires. Finalement ils les reléguèrent
au-delà de forêts profondes et inexplorées. De tout temps la forêt fut un
abri sûr et plus particulièrement pendant les moments difficiles. Les paysans
slaves rejoignirent les territoires «au-delà de la forêt» (en russe zalessié)
en suivant des rivières auxquelles ils donnèrent des noms russes en souvenir
des lieux qu’ils abandonnaient. Ainsi, dans la principauté de Kiev il existait
sur la rivière Troubèje une ville appelée Péréïaslavl: dans les nouvelles
terres apparut la ville de Péreslavl-Zalesski (c’est-à-dire «Péreslavl
au-delà de la forêt») et la rivière sinueuse fut nommée tout simplement
Troubèje.

Cette rivière se jette dans le lac Plechtcheïevo: c’est un lac profond,
agité, mais poissonneux. Et c’est sans doute pour cette raison que deux
poissons d’argent (sous le lion d’or de la principauté de Vladimir) décorent
le blason de la ville. Le site de Klechtchine s’avéra peu sûr et louri
Dolgorouki fit transférer son kremlin (c’est-à-dire sa ville-forteresse) sur
la rive sud de la rivière Troubèje. Il y fit creuser des fossés et élever
des remparts de terre surmontés d’une palissade de chêne. Il fit construire
une vaste demeure en bois pour lui et de simples maisonnettes, en bois aussi,
pour ses compagnons. En 1152 il posa la première pierre de la cathédrale de la
Transfiguration du Sauveur. Il n’eut pas le temps de l’achever, c’est son fils
le prince André Bogolioubski qui termina les travaux.

Les remparts de la forteresse ont résisté au temps. A l’intérieur de
l’enceinte sur la Belle Place (Krasnaïa; en russe l’adjectif krasnyï qui a
maintenant le sens de rouge signifiait beau) se dresse la plus vieille de toutes
les églises du nord-est de l’ancienne Russie y compris Moscou, celle de la
Transfiguration. Par sa simplicité austère elle se rapproche des églises de
Novgorod. Elle est surmontée d’une toiture en zakomary, c’est-à-dire
posée directement sur la face extérieure des voûtes et qui dessine sur chaque
façade trois grandes arcades. Sur le haut des saillies des absides court une
simple frise d’ornements en creux appelée porébrik au-dessus d’une
rangée de petites arcatures aveugles. Sur le tambour, juste sous la coupole, on
peut voir ce même porébrik et une frise d’éléments qui par leur motif
rappellent les tuiles en écailles des églises en bois. Au cours des siècles
les murs ont été peu à peu ensevelis par la terre, les soubassements se sont
enfoncés. L’édifice paraît plus bas, plus trapu, mais il n’a rien perdu de sa
beauté majestueuse.

Vers 1950 un monument en l’honneur d’Alexandre Nevski fut érigé sur la
place devant l’église. Dans l’enceinte fortifiée du kremlin il ne reste aucun
bâtiment ancien autre que l’église de la Transfiguration si ce n’est celle du
Métropolite Pierre datant de 1585. Selon toute évidence elle eut pour
prototype la célèbre église de l’Ascension à Kolomenskoïé (qui se trouve
aujourd’hui dans l’agglomération de Moscou): même plan en croix, mêmes
galeries ouvertes (goulbichtché) sur des arcades et même pyramide (chatior)
sur un prisme octogonal. La pyramide est surmontée d’une coupole recouverte de
tuiles en bois située sur un petit tambour décoré. Le bâtiment a beaucoup
souffert du temps et perdu de sa noblesse, mais grâce aux travaux de
restauration il a retrouvé une certaine grandeur.

La
ville de Péreslavl-Zalesski possède trois monastères. Le plus ancien, celui
de Goritski, fut fondé, dit-on, sous Ivan Kalita (1304-1350). Il se
dresse sur la rive du lac comme sorti d’un conte de fées. L’ensemble formé par
le porche de l’entrée principale, la minuscule chapelle qui la surmonte et la
maisonnette de garde constitue un monument remarquable du XVIIe siècle. C’est
une construction asymétrique par son plan et ses façades: elle est abondamment
garnie de motifs ornementaux en brique, pierre sculptée et carreaux de faïence
et sans doute pour cette raison reçut il y a plus d’un siècle le nom de
«coffret recouvert de pierres précieuses»: cet ensemble suscite
immanquablement l’intérêt des archéologues, architectes et peintres. Un autre
bâtiment encore est à signaler: la cathédrale de la Dormition (1757).
A l’intérieur, ses murs sont décorés de fresques merveilleuses et de moulures
blanches sur fond bleu qui rappellent celles de la cathédrale de la
Résurrection au monastère de la Nouvelle-Jérusalem à Istra près de Moscou.
Cette ressemblance n’est pas due au hasard: en effet la majestueuse iconostase
de la cathédrale de la Dormition faite d’après des croquis de l’architecte K.
Blank est l’œuvre des artisans doreurs et sculpteurs qui avaient travaillé à
Istra.

Le second monastère, celui de Saint-Daniel est situé au sud-ouest
de Péréslavl-Zalesski, dans la partie basse de la ville. En 1530 le tsar
Basile III y fit construire la cathédrale de la Trinité en l’honneur de la
naissance de son fils, le futur Ivan le Terrible. Les travaux furent dirigés
par un moine rusé nommé Daniel qui sut devenir supérieur du monastère,
s’attirer les bonnes grâces du grand-prince et même être le parrain de son
fils. La cathédrale de la Trinité peut être comparée à celle de la
Transfiguration-du-Sauveur: elle présente les mêmes qualités de simplicité
recherchée, d’harmonie des proportions, et bien qu’elle soit peu décorée,
elle produit une impression d’élégance joyeuse. Seul un homme de grand talent
peut être l’auteur de ce monument et il est possible que ce soit le bâtisseur
de Rostov. Grigori Borissov dont nous aurons l’occasion de reparler. Dans la
seconde moitié du XVIIe siècle Gouri Nikitine et son groupe de peintres
ornèrent les murs et les voûtes de la cathédrale de fresques.

A côté de la cathédrale de la Trinité s’élève celle de Tous-les-Saints.
Elle aussi est à une coupole et de petites dimensions qui lui confèrent un
aspect agréable. Elle fut érigée en 1687 sur la commande du prince
Bariatinski devenu frère Efrème au monastère de Saint-Daniel. Une plaque en
pierre gravée est fixée au mur sud de l’église au dessus de sa tombe. Les
encadrements des fenêtres sont très travaillés et décorés de motifs
variés. L’église a un charme très spécial comme si son auteur inconnu avait
décidé de nous léguer son sourire et sa bonne humeur par l’intermédiaire de
la pierre. A côté de l’église s’élève un clocher construit seulement deux
ans plus tard, mais certainement par un autre homme: le toit en pyramide est
lourd sur un soubassement carré massif et comme dit un proverbe russe «c’est
du solide, mais pas du beau». Dans l’enceinte du monastère il reste deux
bâtiments d’architecture civile. Ce sont le Réfectoire (Trapeznaïa) à
un étage avec l’église des Louanges-de-la-Vierge et un édifice long de 70
mètres qui abritait les cellules des moines et porte le nom de Maison des
frères (Bratski korpous). Ces constructions de la fin du XVIIème siècle sont
à la fois élégantes et confortables pour leur époque: elles possédaient le
chauffage central.

Dans la ville il reste quelques églises intéressantes du XVIIe ou du XVIIIe
siècle: entre autres, l’église du Sauveur-Komilievskaïa datant de 1696-1705,
mais le plus bel ensemble est celui du monastère de Saint-Nicétas. Ce
monastère, le troisième de la ville. se trouve sur la route de laroslavl. Dans
l’ancienne Russie les constructions se faisaient très lentement et il fallait
compter en décades la durée d’édification d’un bâtiment.

Le
monastère de Saint-Nicétas
fut construit avec une rapidité inouïe, en
trois ans seulement, entre 1561 et 1564. A une certaine période de sa vie. Ivan
le Terrible envisagea de transformer ce vieux monastère en une forteresse
puissante et d’y transférer son siège, mais au dernier moment il fixa son
choix sur un autre lieu: Alexandrov. En 1608 la forteresse soutint un siège de
deux semaines contre Jan Sapieha et fut considérablement endommagée. En 1643, on releva ses murailles et ses églises. Le bâtiment le plus ancien du
monastère est la petite église qui date de Basile III. Elle a été remaniée,
mais aujourd’hui encore elle porte les arcades de ses façades: elle a été
transformée en chapelle et embellit l’église à cinq coupoles un peu
quelconque construite par les maçons d’Ivan le Terrible. On pense que parmi eux
se trouvait un homme venu du Caucase avec Maria Temrioukova. la deuxième femme
du tsar, qui était une princesse kabardinienne. L’influence orientale apparaît
dans les voûtes en croisée d’ogives qui soutiennent le tambour de la coupole
centrale. Le Réfectoire et l’église de l’Annonciation sont typiques du milieu
du XVIIe siècle et forment un ensemble à la silhouette remarquable. Le tout
est complété par un clocher pyramidal aux formes un peu massives. L’enceinte
et la tour sont un spécimen intéressant des constructions fortifiées du XVIe
siècle. Près de l’entrée du monastère se dresse un clocher à arcades datant
de 1818. Longtemps il fut considéré comme un intrus. En fait cette
appréciation est injuste car le clocher s’intègre parfaitement au panorama de
l’ensemble du monastère et même en allège les lignes.

Pereslavl – Zalesski

par | 1 Jan 2000 | 0 commentaires

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