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Viktor Tsoi nous a quitté le 15 août 1990

Viktor Tsoi est un célèbre chanteur de rock soviétique dans les années 1980, et leader du groupe Kino. Il s’est tué en voiture après s’être endormi au volant le 15 août 1990, sur la route de Toukoumsa, en Lettonie.

Viktor Tsoi est né à Léningrad en 1962 de mère russe et de père coréen. Il écrivit ses premières chansons à l’âge de 17 ans. A cette époque, Tsoi commençait à donner des petits concerts où il chantait les chansons qu’il composait, notamment lors de fêtes privées. C’est à l’une de ces représentations qu’il fut repéré par Boris Grebenchtchikov, membre du groupe « Aquarium », établi et reconnu à l’époque. Grebenchtchikov prit Tsoi sous son aile et l’aida à fonder son propre groupe. La carrière de chanteur de rock de Viktor Tsoi venait de commencer. il recruta d’autres musiciens, et forma « Kino », qui signifie en russe « cinéma ». Ils enregistrèrent une cassette de démonstration dans l’appartement de Tsoi. Cette cassette passa rapidement un peu partout dans Léningrad, puis dans tout le pays, portée par des amateurs de rock.

« Kino » ne connaissait cependant toujours pas un succès énorme à cause du peu d’enthousiasme du gouvernement à leur encontre. L’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev change la donne parce que les intellectuels qui appréciaient KINO se sentent d’un coup autorisés à en parler. Gorbatchev prit la tête de l’État en 1985. Son choix de faire toute la publicité Glasnost sur les problèmes sociaux et économiques existant en URSS et de refonder l’Etat Perestroïka, permirent pour la première fois des discussions ouvertes, y compris dans les médias.

La Glasnost relâcha la pression pesant sur les médias et autorisa les groupes de rock à faire l’objet de publications dans les journaux, ainsi qu’à apparaître à la télévision. En 1986, Tsoi utilisa l’atmosphère ouverte et les ressentiments du public pour sortir une chanson intitulée Changements ! (Перемен!/Peremen!). La chanson appelait la nouvelle génération à demander des changements, et permit de propager le nom et la renommée de « Kino » dans l’ensemble de l’URSS.

L’année 1987 fut déterminante pour Kino. La sortie de leur 7ème album, Groupe sanguin (Группа крови/Grouppa Krovi) lança ce que l’on appela plus tard la « Kinomania ». Le climat politique ouvert de la Glasnot permit à Tsoi d’enregistrer Grouppa Krovi, son album le plus engagé. Il fut aussi autorisé à enregistrer un genre de son que personne avant lui n’était parvenu à produire en Union Soviétique. La plupart des chansons de l’album étaient destinées aux jeunes de l’URSS, leur disant explicitement de prendre le contrôle et de réaliser les changements attendus dans toute la nation.

Dans les années qui suivirent, Tsoi apparut dans de nombreux films à succès, et voyagea même aux États-Unis pour faire la promotion de ses films dans quelques festivals de cinéma.

Même si Tsoi était une très grande star, il continuait de mener une vie relativement normale. Par exemple, il conserva son ancien emploi de chauffagiste dans un immeuble, ce qui surprit beaucoup de personnes.

En 1987, le film « ASSA » (« АССА ») est sorti, avec participation de plusieurs musiciens rock soviétiques de l’époque. Le groupe KINO avec Viktor Tsoi a joué son propre rôle : Sa présentation de la chanson « Changements »(« Перемен! ») à la fin du film reste un des symboles cinématographiques de la perestroïka.

En 1988, Viktor Tsoi joua dans un film réalisé par Rachid Nougmanov, écrit par Alexandre Baranov et Bakhyt Kilibaïev, dont le titre était « Igla » (en russe ИГЛА, « aiguille »). Dans le film, Tsoi joue le premier rôle. L’intrigue tourne autour du personnage de Moro, qui combat la mafia locale, le trafic de drogue de la ville.

La bande originale du film, incluant plusieurs titres de Kino, contribua pour beaucoup à l’ambiance générale de ce film qui servit par la suite de référence au cinéma post-moderne et surréaliste. Le film sortit officiellement en février 1989 en Union Soviétique.

L’heure de gloire de Kino sonna en 1990, lors d’un concert au stade Loujniki de Moscou. 62 000 fans célébrèrent le triomphe du groupe de rock russe le plus populaire de l’Histoire de la Russie.

Tôt dans la matinée du 15 août, Viktor Tsoi fut tué après avoir perdu le contrôle de sa voiture et s’encastra dans un bus, à la sortie de Riga. La voiture fut complètement détruite, au point que l’un de ses pneus ne fut jamais retrouvé. Cet accident se produisit alors qu’il revenait d’une partie de pêche. Tsoi avait voulu prendre avec lui son fils Sacha qui heureusement à la dernière minute ne partit pas.

A son enterrement au cimetière Bogoslovskoïe, le cercueil resta fermé.

Le 17 août, le Komsomolskaïa Pravda, l’un des principaux journaux soviétiques, écrivait à propos de Tsoi et du sens de la jeunesse de la nation :

Tsoi est plus porteur de sens auprès des jeunes que tout politicien, célébrité ou écrivain. C’est parce que Tsoi n’a jamais menti et n’a jamais retourné sa veste. Il était et resta lui-même. Vous ne pouvez pas ne pas le croire… Tsoi est le seul rockeur qui ne présente aucune différence entre son image et sa vie réelle, il vivait de la façon dont il chantait… Tsoi est le dernier héros du rock.

Moins d’un mois plus tard, les musiciens de Kino purent purent mixer le dernier album du groupe en France, dans le studio qui avait remixé 20 mois avant l’album « Le dernier des héros ». Le nouveau disque n’a pas de nom mais fut baptisé Black Album/Album noir (Чёрный альбом/Tchorniy al’bom), en signe de deuil pour la star disparue.

L’album, présenté à Moscou en janvier 1991, a été vite le plus vendu de l’histoire du rock en Russie, consolidant la place de Kino au top de l’histoire du rock russe, ainsi que la place de Viktor Tsoi, héros et légende du rock russe.
Depuis la sortie du premier album « 45 » et jusqu’à la mort de Tsoï en 1990 dans un accident de voiture, le groupe se développa comme LE groupe des années 1980.

Après la mort de Tsoi, plus de soixante-cinq adolescents se suicidèrent dans tout le pays, croyant que leur vie avait perdu son sens avec la disparition de leur héros culturel.

L’impact de Kino sur la musique soviétique et plus globalement sur la société fut énorme. Ils introduisent un son et des paroles qu’aucun Soviétique n’avait atteint auparavant. Kino ouvrit les portes aux groupes russes modernes. Même s’il est disparu, Tsoi continue de vivre dans l’esprit de beaucoup de jeunes Russes.

Viktor Tsoi nous a quitté le 15 août 1990

par | 15 Août 2011 | 0 commentaires

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