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Contesté dans la rue, Poutine promet davantage d’équité sociale

Le président russe Vladimir Poutine a promis mercredi un impôt sur le luxe et de mettre fin aux stratégies des grands groupes pour échapper au fisc, des annonces répondant à une demande d’équité sociale mais qui laissent sceptiques certains observateurs.

Confronté depuis un an à une vague de contestation sans précédent, dont le fer de lance est la nouvelle classe moyenne qui a émergé dans le pays depuis le début des années 2000, M. Poutine a affiché ses ambitions de moraliser la vie économique en Russie et d’y introduire plus d’équité sociale.

« Ce que l’on peut et doit faire, et qui est juste, c’est taxer les biens de luxe », a déclaré le chef de l’Etat, dans sa première adresse à la nation depuis son retour au Kremlin en mai.

« Je rappelle au gouvernement qu’il est indispensable de mettre en uvre d’ici à la mi-2013 des décisions majeures sur l’impôt sur la fortune, y compris sur l’immobilier de prestige et, aussi difficile que cela puisse l’être, sur les voitures », a-t-il ajouté.

La question d’introduire de nouvelles taxes sur les biens de luxe est en débat depuis plusieurs mois dans le pays, mais n’a toujours pas été tranchée, le gouvernement peinant à se mettre d’accord pour trouver une définition du luxe.

Selon le classement 2012 du magazine Forbes, la Russie se place au deuxième rang mondial derrière les Etats-Unis en ce qui concerne ses riches citoyens, avec 96 milliardaires recensés. Mais le pays compte aussi une énorme proportion de pauvres : selon le service des statistiques Rosstat, au premier trimestre 2012, 19,1 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté, soit 13,5% de la population.

M. Poutine s’en est par ailleurs pris aux manœuvres des grandes entreprises russes pour échapper aux impôts, dénonçant la multitude d’entreprises enregistrées à l’étranger.

« D’après certaines estimations, neuf contrats sur dix conclus par de grandes entreprises russes, y compris des sociétés publiques, ne sont pas régis par la loi russe », a-t-il déclaré.

« Il faut prendre toute une série de mesures » pour que les entreprises russes ne soient plus enregistrées dans des paradis fiscaux, a-t-il plaidé, exigeant de mettre en place des mesures pour obtenir plus de transparence sur ces zones.

Certaines des plus grandes entreprises russes sont enregistrées dans des paradis fiscaux, ce qui leur permet d’éviter d’énormes impôts sur leurs profits.

A titre d’exemple, le géant russe de l’aluminium Rusal réussit à conserver jusqu’à 90% de ses bénéfices grâce à des implantations à Jersey, a relevé récemment le quotidien des affaires Vedomosti.

« Le meilleur moyen de rendre patriotique le secteur des affaires est de fournir des garanties sur la propriété privée, pour rendre la juridiction russe attractive », a-t-il reconnu.

Cette question est particulièrement sensible pour la Russie, qui souffre d’un exode continu de ses capitaux privés. Le vice-ministre du Développement économique Andreï Klepatch a indiqué lundi que la sortie nette de capitaux privés s’établirait sans doute entre 73 et 75 milliards de dollars en 2012, après avoir atteint 80,5 milliards de dollars en 2011.

Pour Gleb Pavlovski, ancien conseiller de M. Poutine, la lutte contre l’enregistrement dans des paradis fiscaux est « une regaine des autorités russes », et cet argument a des visées « purement politiques ».

Le problème des zones offshore est dû au fait que les « questions dans le secteur des affaires ne sont pas résolues », notamment celles « du climat des affaires et de la protection des droits de propriété », souligne de son côté Alexeï Iazikov, analyste chez Aton.

Les investisseurs incriminent régulièrement la corruption généralisée qui gangrène le pays et la justice souvent arbitraire qui y est rendue.

« Seul quelqu’un qui serait très éloigné de la politique ne comprendrait pas que la majeure partie des problèmes sociaux que connaît actuellement le pays ont été créés justement par l’élite dirigeante » au pouvoir depuis de nombreuses années, a pour sa part déclaré le premier vice-président du Parti communiste russe, Ivan Melnikov, cité par l’agence Ria-Novosti.

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par | 14 Déc 2012 | 0 commentaires

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