Eric Faye, né en 1963, a publié une bonne vingtaine de livres en une petite vingtaine d’années, entrant dans la sphère littéraire par les éditions Corti et l’écrivain albanais Ismaël Kadaré.
Oscillant entre essais, nouvelles et romans, il écrit avec régularité, cherchant les marges et les lueurs d’absurde du quotidien. Si ce journaliste de l’agence Reuters, né à Limoges, n’aime pas trop le grand jour, il a récemment relaté la «genèse de ses élans» dans un récit autobiographique (Nous aurons toujours Paris, Stock) aux contours explicites et impassibles. Un faisceau de présomptions – attrait du merveilleux, images gravées de l’enfance, rencontres avec le texte puis l’écrivain, intérêt pour l’Albanie, pays sans représentation – a fait de Faye le dresseur de mots qu’il est.
Attentif au creux anodin du réel, peaufinant sa retranscription à destination du lecteur par une sourcilleuse mécanique qui lui confère une résonance. Le temps paraît être une de ses obsessions, sans doute son meilleur personnage.
«En des moments rares, le temps nous surprend à glisser, par une porte dérobée, des minutes inexplicables et pourtant capitales, lesquelles, mises bout à bout, ne doivent pas totaliser plus d’une heure ou deux dans une vie entière : collier d’instants dérisoires pour tout autre que soi mais qui donnent et redonnent envie, comme les prières récitées en suivant les grains du chapelet, de se hisser à la hauteur de soi-même», explique-t-il dans Nous aurons toujours Paris.
Frédérique Roussel, Libération.
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