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Ioulia Timochenko, avide de pouvoir, dans la dernière ligne droite

En robes moulantes et talons vertigineux, avec de fausses nattes, cette femme vulgaire de 49 ans affronte une nouvelle « mission impossible »: combler un retard de dix points sur son adversaire Viktor Ianoukovitch au premier tour et gagner dimanche la présidentielle.

Fascinante pour les uns, opportuniste et imprévisible pour les autres, Ioulia Timochenko a connu un parcours rocambolesque, ponctué de zones d’ombres, jusqu’aux sommets du pouvoir ukrainien.

« Je ne perdrai pas l’élection », répète comme une prière le Premier ministre qui a déjà connu la richesse, la prison et le pouvoir et devenue un des symboles de la Révolution orange pro-occidentale en 2004.

L’un est Pavlo Lazarenko, ancien Premier ministre aujourd’hui incarcéré aux Etats-Unis pour escroquerie et blanchiment d’argent, qui l’a aidée à poser ses jalons à la tête d’une puissante compagnie énergétique.

L’autre est l’ex-président Léonid Koutchma qui serait à l’origine de son incarcération en 2001, une expérience qui lui montra l’avantage du pouvoir sur l’argent et la transforma en opposante prête à tout.

Née le 27 novembre 1960, Ioulia Timochenko, ingénieur-économiste à l’époque de l’URSS, fut promue chef d’une grosse compagnie énergétique, qui obtint le monopole sur l’importation du gaz russe en Ukraine, après l’indépendance du pays en 1991.

Ce business lui a valu des poursuites en Ukraine pour vol ainsi qu’en Russie pour le versement présumé de pots-de-vin en 1996 à des responsables du ministère russe de la Défense.

Ces affaires, closes en 2005 dans des circonstances obscures, ont été ressorties par ses adversaires, dont le président sortant Viktor Iouchtchenko, ancien allié devenu son pire ennemi, qui l’accusent d’être corrompue et manipulée par Moscou.

Considérée comme pro-européenne, elle sait aussi arrondir les angles avec Moscou, ricanant ostensiblement à des blagues de son homologue russe Vladimir Poutine lorsqu’il s’en prend au président ukrainien sortant.
La carrière de celle qui pourrait devenir la première présidente de l’Ukraine « a été construite sur des méthodes radicalement anti-féministes », on lui reproche d’afficher « sa féminité pour obtenir des dividendes ».

Pour M. Vydrine, « il n’y a pas de réponse adéquate au défi féminin de Timochenko (…). Il n’y a pas en Europe de femmes politiques avec une telle fusion de charme, d’insolence et de rejet de toutes les règles ».
La carrière politique de Mme Timochenko commence en 1997 lorsqu’elle devient député, puis vice-Premier ministre dans le gouvernement de Viktor Iouchtchenko en 1999.

Limogée en 2001 par le président Léonid Koutchma, elle est incarcérée un mois plus tard pour le vol présumé d’un milliard de dollars destiné au paiement du gaz russe.

En 2004, elle se range aux côtés du pro-occidental Viktor Iouchtchenko, face au candidat du pouvoir et de Moscou, Viktor Ianoukovitch, accusé de fraudes électorales à la présidentielle.

Le libéral russe Boris Nemtsov, qui a conseillé Viktor Iouchtchenko après la Révolution orange, affirme avoir passé son temps à « lutter contre le populisme » du Premier ministre Timochenko qui « gelait les prix et révisait les privatisations ».

Aujourd’hui elle promet de lutter contre les oligarques alors que les médias lui prêtent des liens avec nombre d’entre eux.
Son comportement chaotique repousse ceux qui font un choix rationnel, d’autres attirés par son aplomb lui font une confiance aveugle.

Ioulia Timochenko, avide de pouvoir, dans la dernière ligne droite

par | 7 Fév 2010 | 0 commentaires

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