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Nouvelles techniques d’extraction du gaz: la fin du géant Gazprom ?

Les Américains ont commencé à réorienter leurs surplus de gaz naturel vers l’Union européenne, amenant certains responsables russes à s’interroger sur l’équilibre futur de ce marché.

Le colosse Gazprom a-t-il du souci à se faire? L’essor des nouvelles techniques d’extraction du gaz dans les schistes pourrait modifier sérieusement l’équilibre du marché mondial et inquiéter la toute-puissance du géant russe.

Encore inconnues il y a quelques années, ces nouvelles techniques consistent à casser la roche souterraine en y injectant sous haute pression un liquide contenant des produits chimiques qui libèrent le gaz et le font remonter à la surface, puis à forer à l’horizontale pour suivre les couches de la roche.

En plein développement, elles ont permis aux Etats-Unis de doper leur production, alors que les ressources en gaz naturel y semblaient épuisées, au point de se retrouver au coude-à-coude en 2009 avec la Russie, jusqu’alors premier producteur mondial de gaz.

Chose inédite, les Américains ont commencé à réorienter leurs surplus de gaz naturel vers l’Union européenne, amenant certains responsables russes à s’interroger sur l’équilibre futur de ce marché. Il y a plus de questions que de réponses sur ce sujet, mais plus de la moitié du budget (en Russie) dépend des hydrocarbures, donc il faut commencer à y penser…

« Le problème du gaz de schiste existe, c’est ma position et celle des dirigeants de Gazprom », a reconnu cette semaine le ministre russe des Ressources naturelles, Iouri Troutnev.

D’autant plus que des réserves prometteuses ont aussi été découvertes dans certains pays européens, clients de Gazprom. La Pologne a émis 56 licences d’exploration de gaz de schiste.

Cette source d’énergie non-conventionnelle va par conséquent accroître la concurrence. Ce qui changera sans aucun doute la donne pour Gazprom, qui occupe actuellement un quart du marché européen et ambitionne d’en détenir un tiers d’ici 2020. Les clients européens pourraient ainsi en profiter pour réduire leur dépendance vis-à-vis de la Russie.

De fait, certains projets d’ampleur pourraient être menacés. Déjà, face à la compétition des Etats-Unis et la chute de la demande en gaz en raison de la crise mondiale, le géant russe a été contraint de reporter de plusieurs années le lancement de son méga-projet de production de gaz naturel liquéfié (GNL) sur le gisement de Chtokman, dans le Grand Nord russe, dans lequel il avait placé beaucoup d’espoirs.

Toutefois, les travaux sur le gaz de schiste n’en sont qu’à un « stade préliminaire », tempère Valeri Nesterov, spécialiste du secteur énergétique à la banque d’investissement Troïka Dialog, pour qui il est difficile de faire pour l’heure des pronostics.

Les coûts de production de ce gaz restent très élevés par rapport au gaz naturel en Russie, remarque l’analyste, soulignant par ailleurs que les risques que font peser ces techniques sur l’environnement, et notamment sur les nappes phréatiques, n’ont pas encore été évalués.

« Les pronostics alarmistes (sur la montée en flèche du gaz de schiste, ndlr) sont utiles pour Gazprom, ils envoient des signaux au groupe pour qu’il change sa manière de voir, et nous savons que Gazprom a déjà commencé à y réfléchir et à faire des concessions », estime M. Nesterov.

En février, la presse russe a fait état de négociations entre le groupe russe et ses principaux clients européens (en particulier avec l’italien Eni et l’allemand E.On Ruhrgas) pour aboutir à une réduction de leurs factures de gaz.

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par | 12 Mai 2010 | 0 commentaires

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